Il faut sauver la Côte d´Ivoire!

Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles.
[Charles Péguy]

N´y´a-t-il plus aucun autre mode d´expression en Côte d´Ivoire hormis la violence? Partout, tous les jours, la violence!
Violence physique, violence verbale, violence intellectuelle, violence religieuse, violence ethnique…J´en passe!

La haine est entrain de saper les fondements de l´Identité ivoirienne. Cette identité si riche, si variée, tant admirée et dont le rayonnement est perceptible même au-delà des frontières nationales.
Cette haine est en train d´avoir raison de l´humanisme légendaire de l´ivoirien au point qu´on pourrait dire sans risque de se tromper que la société ivoirienne se déshumanise. On en est aujourd’hui à avoir réduit et simplifié la Côte d´Ivoire à sa plus laide expression entre pro-Ouattara et pro-Gbagbo. Ni plus ni moins. Effarant!
C´est pourquoi ce billet, je l´adresse, à bon escient, aux pro-Côte d´Ivoire. À ceux et celles que l´avenir de ce pays intéresse.Le mal est profond. Très profond.

De part et d´autre, les gens savent de quoi il s´agit. Mais personne ne veut risquer de dire quelque chose qui le suivra toute sa vie.
Pour rappel, pêle-mêle, je paraphrase : « Je suis du Nord et musulman, voilà pourquoi on ne veut pas que je sois candidat », « j´ai été élu dans des conditions calamiteuses », « mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j´avance », « quand je frapperai ce régime moribond, il tombera »… Vous les reconnaitrez.

Dans ce pays, il faut se méfier des « extracteurs de contexte ». Vous dites une chose, ils la sortent de son contexte, l´implémentent ailleurs et déjà vous voilà marqué au fer rouge pour la vie. Vous n´y pourrez rien. Rien de rien. Parce qu´en amont, un travail éfficace d´abrutissement des masses a été effectué.

Le mal a atteint un tel point de la bêtise que quand tu n´es pas pro-Gbagbo, tu deviens automatiquement pro-Ouattara. Vice-versa.Dans ces conditions de suspicion et de haine, la neutralité elle-même n´est pas épargnée; elle est forcément une prise de position non-avouée, cachée.
Personne n´y échappe. Et pourtant, il y en a qui ne sont ni « pour » l´un ni « contre » l´autre; des gens qui ne demandent qu´à vivre en paix et tranquillement avec le voisinage; des gens qui ne demandent qu´à se réveiller le matin, à aller au travail, à s´occuper de l´avenir de leurs enfants et à faire des plans d´avenir pour leur retraite…

Il va falloir se faire violence et se rendre à l´évidence. Ce qui se trame est quelque chose de grave et il faut craindre le pire.
Ce qui se passe n´a rien à voir avec une quelconque défense de la démocratie, de la légalité ou des institutions républicaines.
Pour le comprendre, pas besoin de PhD ou d´être diplômé de l´ENA. Une pincée de bon sens et bonne dose d´observation suffisent.

Marquons une pause et posons-nous les vraies questions. Avant qu´il ne soit trop tard.
Le pays est entrain de foncer droit dans le mur. À la vitesse grand V. Ces moments de ténèbres mettent en lumière les fissures  de la société ivoirienne. Si nous quittons un tant soit peu nos lunettes roses, il devient plus aisé de prendre la mesure des choses.

Puisque le diagnostique, on le sait douloureux, effrayant, inacceptable pour certains, alors on le fausse. Par pudeur, par peur, par mauvaise foi, à tout le moins. Résultat: le remède appliqué sera ce qu´il est destiné à être: inapproprié, inefficace.

Le ver est dans le fruit depuis longtemps. Et ça, chacun le sait en Côte d´Ivoire. Il faut briser les tabous pourtant. La situation le commande. Sinon, on sera mangé à la sauce rwandaise, dans le meilleur des cas aux sauces libériennes ou sierra-leonaises.
Ça tourne depuis trop longtemps autour du pot.

Il faut avoir le courage de dire les choses telles qu´elles sont. Même si ça fait peur, même si ça fait mal.
Il faut avoir l´honnêteté politique, morale et intellectuelle de poser le vrai diagnostique, de nommer le vrai problème.
Les revendications de mise en liberté de Gbagbo et de tous les prisonniers politiques de l´ancien régime ou la contestation des résultats de l´élection présidentielle de 2010 ne sont que des paravents, des prétextes.

Le vrai problème, il va au-delà du rejet dont Alassane Ouattara est l´objet et que certains continuent de voir non seulement comme un non-ivoirien mais aussi et surtout comme l´homme derrière la rébellion de 2002 qui a empêché Laurent Gbagbo de dérouler son programme.
Pourtant Laurent Gbagbo lui-même, dans sa spontanéité légendaire, en tant que président de la République donc patron des services de renseignements, a avoué ne détenir aucune preuve tangible contre Alassane Ouattara. Il savait mieux que quiconque de quoi il parlait.
Alassane Ouattara peut ramener le paradis et toutes les merveilles que compte notre planète sur la terre ivoirienne, ça ne changera pas grand´chose.

À première vue, cette guerre oppose des pro-Gbagbo à des pro-Ouattara. Seulement à première vue. À voir de près, il y´a des velléités sécessionnistes qui se profilent à l´horizon. En filigrane, une certaine Côte d´Ivoire « utile » veut manifestement se séparer de la Côte d´Ivoire « inutile ». Voilà le fond du problème. Tout le reste n´est que de la poudre à perlimpinpin.

La guerre qui a cours actuellement en est la parfaite illustration. Objectif recherché: pourrir la vie des ivoiriens, malmener le vivre-ensemble, entretenir un climat de terreur et de psychose, pour imposer la conclusion que, « pour raison d´insurmontables divergences culturelles, ethniques et religieuses, une communauté de destin entre le Nord et le Sud n´est plus possible. La seule issue: la séparation »
La volonté de mettre fin à la Côte d´Ivoire dans sa forme actuelle est trop forte, trop tentante et trop propice pour certains.
Tant qu´on appellera pas un chat un chat, ce sera un peu comme si on remplissait le réservoir de son véhicule avec de l´eau et espérer le voir démarrer par la suite.

Aux ivoiriens et ivoiriennes qui aiment leur pays d´un amour sain, positif et constructif, aux ivoiriennes et ivoiriennes d´adoption, aux amis de la Côte d´Ivoire si vous aussi vous souffrez de voir ce beau et grand pays sombrer dans le chaos, si vous ne voulez pas avoir la mauvaise conscience de celui qui pouvait faire quelque chose mais qui est resté passif, il est temps de se lever pour faire barrage au projet funeste des forces du mal.

Levons-nous pour dire non au mensonge et à l´imposture, à la haine et à la division.
Levons-nous pour exprimer notre ras-le-bol et signifier aux va-t-en-guerre que la goutte d´eau a débordé, que la masse critique est dépassée.

Levons-nous et disons leur y´en a marre! Que la logique du « dégage-que-je-m´y-mette » n´a aucun avenir car le « dégagé » d´aujourd´hui est le « dégageur » de demain.

Retenons que  « What goes around comes around! What goes up will come down »

Levons-nous pour leur dire qu´on aime tellement la Côte d´Ivoire qu´on la veut une, indivisible, unie et au travail.
Levons-nous pour leur dire « ça suffit comme ça », que le seul et vrai combat qui vaille la peine d´être mené est celui contre le sous-développement, le chômage, la maladie, l´obscurantisme, la haine, l´intolérance.

La  libération passera par le travail et la discipline; pas par des théories fumeuses d´un autre âge.

Nous le devons à nos enfants qui nous demanderons « Où étais-tu, qu´as-tu fait quand la patrie avait besoin de toi? »
La paix et la réconciliation, c´est nous, c´est vous et moi qui en détenions les clefs. Pas par les pro-Gbagbo ni les pro-Ouattara!

2 réponses à Il faut sauver la Côte d´Ivoire!

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