Snowden et l´affaire PRISM: panique inutile!
Soyons objectifs. Dans chaque contrat de travail qui est soumis à signature, le futur employé
s´engage, dans la foulée, à respecter certaines clauses que l´entreprise juge primordiale pour son intégrité et sa survie. C´est notamment le cas de la clause de confidentialité et l´obligation de confidentialité. Pendant tout le temps qu´il sera dans l´entreprise et même surtout après. Sous peine de poursuites judiciaires.
Snowden a forcément signé un tel papier quand il intégrait les services informatiques de la CIA & NSA ou, en dernier Booz Allen Hamilton . En rendant publique des informations classées „Top secret“ par les services de sécurité, il trahit et, ce faisant, il commet un acte répréhensible au regard de la loi us-américaine. Un acte répréhensible reste un acte répréhensible! Alors appelons un chat un chat. Il a commis un crime grave, une grave trahison! Il devra répondre de son acte devant les tribunaux. Quoi de plus normal donc!
En l´inculpant pour espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux, les autorités us-américaines sont dans leur rôle et, en essayant de mettre le grappin sur lui, dans leur bon droit!
Ceci dit, on sait que l´espionnage n´est pas l´apanage de la seule Amérique qui, cependant, a trouvé, dans la tragédie du 11 septembre 2001, le filon d´or, le prétexte passe-partout pour se mettre au-dessus de toutes les lois. De tous les pays. L´espionnage, la surveillance de leurs concitoyens, ils la pratiquent tous. „La France, La Russie, l´Allemagne, les USA, la Grande-Bretagne, la Chine, Israël, l´Italie, Argentine…tous tant qu´ils sont. L´espionnage économique, technologique, industriel ou tout simplement l´espionnage des opposants …a toujours existé. Depuis la nuit des temps.
Ce qui explique, d´ailleurs, qu´on ait pas entendu les gros mots habituels de condamnation des Occidentaux, des chinois ou des russes! Tout comme on a pas assisté à une surenchère pour donner un point de chute à Snowden mais plus tôt à un empressement à lui refuser l´asile. Même s´ils sont les premiers à profiter des informations qu´il détient. On peut être sûr qu´ils se frottent les mains. In petto!
Même la Chine qui aurait pu tailler des croupières aux américains s´en est débarrassée comme d´une patate chaude (il a séjourné à Hong-Kong) Pourtant, ils avaient mille raisons de rendre la monnaie aux américains qui sont toujours prompts à accorder l´asile aux dissidents chinois. C´est moins par peur des USA que par réalisme politico-stratégique. Car, des Snowden, chacun en a dans ses services secrets. Dérouler le tapis rouge à Snowden, c´est réveiller des velléités de trahison dans leurs propre rangs. Or chacun a quelque chose dans son placard.
Les quelques rares pays qui ont élevé la voix avec véhémence pour dénoncer et condamner sont, en réalité, ceux qui n´ont pas les moyens d´espionner les autres.
Donc rien de nouveau de ce côté là.Ce qui change (enfin un peu), c´est cette surveillance systématique des masses qui a fait son apparition avec les Nouvelles Technologies de l´Information. En effet, même si on se doutait un peu que Big Brother nous avait à l´œil (ne soyons pas quand même naïfs), ça glace quand même le sang de savoir que quelque part, quelqu´un écoute et archive tout ce que je dis, tout ce que je fais; quelqu´un qui peut me localiser à tout moment à partir de mon portable, smartphone ou tablette. Sans que rien ne lui échappe: mes conversations téléphoniques, mes mails, mes écrits dans les réseaux sociaux, les requêtes que je lances à partir des moteurs de recherche…
Mais quel mal y a t-il a être espionné quand on a rien à se reprocher? S´entend-on dire souvent.
Je n´ai rien à me reprocher quand je dors mais je n´ai pas envie que quelqu´un installe des caméras dans ma chambre pour m´observer entrain de dormir.
Je ne fais rien de criminel à aller me soulager dans les toilettes mais je n´ai pas envie que quelqu´un m´observe avec des caméras.
Un peu de vie privé, de respect de la sphère privée, chacun en a le droit. Tout est question de „jusqu´où peuvent-on aller loin dans le voyeurisme“, de l´exploitation qui est faite des informations recueillies sur chacun. On ne peut empêcher cette surveillance, cet espionnage de notre vie privée, mais on peut veiller à en réduire les effets indésirables en ne rendant publique que ce qu´on veut vraiment rendre publique.
Pas en jetant son portable, son smartphone, sa tablette; ou bien en renonçant à internet , en quittant les réseaux sociaux ou en résiliant son contrat du téléphone fixe etc dans l´espoir de d´échapper à PRISM (Planning Tool for Resource Integration, Synchronization, and Management) et de retrouver l´anonymat. Ce sera vain. L´anonymat est un leurre. Ça n´existe pas et ça n´a jamais existé. Tant que vous aurez besoin d´une carte d´identité, d´un passeport, d´un extrait de naissance, d´un compte bancaire, de vous faire soigner, d´aller à l´école… tant que vous devez réglez vos factures d´eau, d´électricité, vos impôts… vous serez fiché quelque part donc traçable.
Le choix n´est plus entre „anonymat et sécurité“ mais entre „sécurité et sécurité“. C´est tout sauf une marge de manœuvre! Dans pareille condition, chacun doit renoncer, de gré ou de force, à une bonne partie de sa vie privée. C´est le prix à payer!
PS: Si vous voulez savoir les différentes stations de vos requêtes(moteurs de recherche, réseaux sociaux etc) et les différents services (secrets) que ça peut intéresser de les intercepter, suivez ce lien puis choisissez la langue(anglais, allemand ou français):
http://apps.opendatacity.de/prism/